Le peuple Muwide

Le monde au pied de l'Arbre-Mère

La surface

Le monde au pieds de l’Arbre-Mère fait partie des Enténébrés, même si l’on distingue communément les régions obscures des Branches (le sens usuel du terme « Enténébrés » pour les Fylides) et la Surface qui désigne la masse de terre sur laquelle s’enracine l’Arbre-Mère. La Surface se divise entre les terres émergées et l’Océan Inférieur qui baigne les pieds d’une partie des Piliers de l’Arbre-Mère. L’Océan Inférieur couvre les quatre cinquièmes de l’hémisphère sud de la planète de l’Arbre-Mère, et s’enfoncent le long de chenaux jusqu’au tropique septentrional. C’est en raison de la présence de l’Océan Inférieur que les Branches de l’Arbre-Mère se sont davantage développées dans l’hémisphère nord (la Ramure du Nord est celle qui possède le plus de Branches, alors que la Ramure méridionale est celle qui en possède le moins).

Cet océan a aussi un impact sur le climat de l’Arbre-Mère. L’hémisphère nord possède un climat continental (sec avec des étés chauds et des hivers très froids) alors que l’hémisphère sud est protégé par un climat plus océanique – humide et tempéré tout le long de l’année, tropical sous certaines latitudes.

Les terres émergées, insulaires ou continentales, vivent dans une pénombre éternelle semblable à celle des Enténébrés. Le sol est jonché de débris venus des étages supérieurs de l’Arbre-Mère, plus ou moins décomposés, sur lesquels se développent une faune et une flore saprophages. Ces débris décomposés servent in fine de substrat à une flore des Enténébrés plus ordinaire (broussailles, maquis, pinèdes…).

Le relief de la surface est très lié aux développements des racines de l’Arbre-Mère. Il sera accidenté lorsque les racines sont proches de la surface ou en pentes douces le long de cuvettes dans les régions éloignées des racines traçantes.

La Surface est peuplée de rares communautés Muwides. Ces villages font figure d’exception chez ce peuple principalement souterrain. Cependant, les Muwides ont établis de nombreux relais de chasse, petites forteresses occupées durant les campagnes de chasse, abandonnées le reste du temps. Hormis ces quelques installations humaines, la Surface est une région sauvage, peuplées de Démons, extension naturelle des Enténébrés « sylvestres ».

Le monde entre les racines

Les souterrains

Les racines de l’Arbre-Mère ont remué le sol et fissuré la roche, favorisant l’apparition de galeries naturelles autour d’elles. Ces galeries peuvent avoir été élargies ou étendues par des animaux fouisseurs, tels la taupe géante ou le ver géant (Jibulen en langue fylide, Narviak en langue muwide), ou par les Muwides eux-mêmes.

Les galeries qui s’enfoncent en pente douce depuis la surface, en général le long des racines, sont appelées descenderies. Les parties de ces descenderies les plus proches de la surface ne sont en général pas aménagées par les Muwides. Les irrégularités naturelles forment autant d’obstacles qui favorisent la défense et ralentissent la progression d’ennemis venus de l’extérieur. Arrivé à une certaine profondeur, les galeries d’origine naturelle ou non sont aménagées par les Muwides : le sol est aplani, les parois et le plafond peuvent être renforcés, les grandes salles sont transformées en espace de vie ou de travail. L’exploitation des filons de minerai comme des carrières de pierres de taille participe à ces aménagements.

Ces réseaux de galeries peuvent s’étendre sur des centaines de lieues et formées de véritables labyrinthes. Nul ne sait combien de réseaux existent de part le monde. Des réseaux peuvent se connecter ou se déconnecter en fonction des creusements et des effondrements inévitables qui parsèment l’histoire des mondes souterrains. Il est souvent nécessaire de passer par la surface pour aller d’un réseau à un autre.

La faune et la flore

La variété de la faune et de la flore souterraines est aussi vaste que méconnue des habitants des ramures. La flore souterraine et les champignons vivent en lien plus ou moins direct avec l’Arbre-Mère. Les mycéliums de nombreux champignons se connectent aux racines et radicelles de l’Arbre-Mère, étendant d’autant son réseau racinaire et le prélèvement des nutriments du sol. En échange, les champignons récupèrent une partie des nutriments synthétisés par l’Arbre-Mère grâce à la photosynthèse réalisées au niveau de ses Branches.

La faune souterraine, que l’on nomme les fouisseurs, est essentielle au mélange et au renouvellement des nutriments dans les sols. Elle ouvre également des galeries utilisables par les Muwides. Il arrive que ces mêmes fouisseurs détruisent des tunnels. Pour toutes ces raisons, les fouisseurs sont respectés et honorés par les Muwides tout autant que l’Arbre-Mère elle-même. Les Muwides ne tueront un fouisseur qu’en tout dernier recours, et jugeront le « meurtre » d’un fouisseur comme un crime grave. Les Muwides préféreront mettre en place des protections, comme des haies de pieux, pour détourner les fouisseurs sans les blessés (au contact des pieux de bois, les fouisseurs s’écarteront avant de se blesser trop grièvement).

Les cités muwides

La majorité des Muwides vivent sous terre, dans des cavernes aménagées relativement proches de la surface, à la fois pour des questions d’accès aux ressources de la surface et pour des questions de renouvellement de l’air. Ce que les Muwides appellent des villes ne seraient tout au plus que de gros villages pour les peuples sylvestres. La rareté des ressources alimentaires ne permet d’entretenir qu’une population limitée. Les plus gros bourgs comptent quelques centaines d’âmes. La grande majorité compte entre cent et quatre cents habitants. Les villes de plus d’un millier d’habitants sont rarissimes.

L’espace urbanisé est protégé par des murs et des portes qui verrouillent l’ensemble des accès à la zone. Ces fortifications transforment les cités en véritables forteresses. Etant donné la configuration des tunnels, Les Muwides ne possèdent pas de châteaux ou donjon à proprement parler, mais de couloirs ou salles fortifiées. Seuls des trous d’aération (également utilisés comme meurtrières par les archers) sont maintenus dans les murs pour assurer la circulation et le renouvellement de l’air. Des moulins actionnés par des bêtes de somme ventilent et forcent les flux d’air jusque dans les culs-de-sac. D’étroites cheminées sont percées dans les plafonds des galeries les plus proches de la surface. Le renouvellement de l’air est une problématique essentielle pour les Muwides. L’enfumage est une pratique courante lors des sièges. Des cages de serins cavernicoles sont installées à différents points stratégiques pour surveiller la qualité et la respirabilité de l’air.

Les Muwides n’hésitent pas à éclairer leurs villes souterraines grâce à des torches et à les chauffer avec des braseros d’acier. Contrairement aux Fylides, le feu n’a rien d’interdit pour eux. Les maisons sont adossées aux parois des galeries et des salles, délimitées par des murs d’argile, de briques ou parfois de simples toiles. Ces logements sont souvent décorés de tapisseries qui couvrent la pierre brute de la paroi. Les eaux de ruissellement, naturelles ou rejetées par les humains, sont évacuées par de nombreuses rigoles qui parcourent les galeries d’habitation.

En dehors des murailles s’étendent les galeries d’exploitation. Les carrières de pierre ou des mines de métaux sont creusées en fonction des filons de minerai ou de roches de construction aux propriétés physiques désirées. Le contrôle de ces gisements est essentiel à la prospérité des communautés muwides, capable alors de commercer d’égal à égal avec les peuples de la surface. Les grandes salles proches des rivières ou de lacs souterrains, bénéficient d’une atmosphère humide propice aux cultures cavernicoles, essentielles à la survie de ces cités. L’accès à ces ressources limitées est la cause des guerres incessantes entre les groupes muwides.

L'organisation sociale muwide

Les Muwides (terme utilisé par les Fylides et les Aërlydes, les Muwides se désignant eux-mêmes par le terme de Souterriens en opposition aux Surfaciens qui désignent les deux autres peuples) vivent en petites communautés indépendantes. Le manque de ressources agricoles ne permet pas de nourrir des populations de plus de quelques centaines d’habitants (de rares cités de mille âmes environ se sont développées dans les régions les plus fertiles, proche de la surface).

Chaque groupe muwides est indépendant, ou au minimum autonome au sein de confédérations très décentralisées. La géographie cavernicole ainsi que le manque de nourriture n’ont jamais permis de faire apparaître un pouvoir centralisé fort. La structure politique des communautés muwides est différente pour chaque groupe : s’il existe beaucoup de chefferies (le chef étant nommé à vie) ou de seigneuries au pouvoir héréditaire, toutes deux autoritaires, les sociétés proto-démocratiques ou véritablement démocratiques sont les plus courantes. Une fois de plus, la nécessité du juste partage des maigres ressources a conduit à un contrôle par tous de la politique de la cité.

Dans ces sociétés démocratiques, la taille réduite des populations permet une démocratie directe : l’ensemble des personnes aptes à voter (notion variable suivant les communautés, les femmes peuvent être exclues ou non ; seuls les esclaves et les enfants sont systématiquement exclus) se rassemblent dans des amphithéâtres pour prendre en commun des grandes décisions ou choisir les dirigeants. Dans ces communautés démocratiques, il est très rare qu’il n’y ait qu’un seul chef élu. Chaque poste à responsabilité est soumis au choix populaire et peut être démis de ses fonctions par des motions de censure à tout moment. Parmi ces postes, on trouve le plus souvent :

  • Chef de la garnison: en charge de la défense de la ville
  • Chef militaire: en charge d’une expédition militaire contre une cité adverse. Un chef militaire est nommé pour une expédition ou une campagne. Cependant, un chef victorieux est souvent reconduit pour la campagne suivante.
  • Responsable de chasse: chef d’une campagne de chasse organisée à la surface. Ces campagnes s’étendent en général sur plusieurs semaines et nécessitent une organisation logistique importante.
  • Négociateur principal: responsable des négociations diplomatiques et surtout commerciales avec les autres communautés muwides et les peuples de la surface (Fylides et plus rarement Aërlydes). Il est épaulé par des négociateurs secondaires.
  • Architecte des galeries : responsable de l’entretien des principales galeries communes et des choix de creusement des nouvelles galeries
  • Juge de la cité : Souvent par groupe de quatre à dix juges, ils sont chargés de juger les crimes commis par les membres de la communauté. Ils commandent également la milice chargée de faire respecter les peines édictées et d’assurer l’ordre au sein de la communauté.

Toutes les communautés muwides pratiquent l’esclavage. Les esclaves sont des prisonniers de guerre, des criminels condamnés par les juges de la cité, ou des hommes libres qui décident de céder leur liberté pour un temps prédéterminé en paiement de leurs dettes ou de leur faute. Les esclaves sont affectés aux tâches les plus dures, c’est-à-dire le creusement des galeries et l’exploitation des mines et carrières. Ils peuvent également être employés en temps de guerre comme supplétifs ou comme porteurs en compléments des bêtes de sommes, rares et donc épargnées.

Les Muwides ont des identités communautaires très fortes. Une communauté soutiendra le moindre de ses membres, au point qu’il n’existe pas d’indigents chez les Muwides. Leur société est égalitaire dans ses moindres détails. Il est fréquent de voir un responsable partager ses biens (parfois de manière intéressée pour s’attirer la bienveillance de ses obligés) avec les membres de la communauté, y compris ses adversaires politiques. En revanche, les Muwides sont chauvins et au mieux méfiants voire hostiles envers les étrangers, Muwides ou non. Ils méprisent les Fylides et les Aërlydes qu’ils ne tolèrent que dans le cadre de relations commerciales, indispensables à leur survie. Être banni de la cité est donc une terrible sanction pour un Muwide. Les quelques Muwides exilés sur les Branches (souvent des esclaves vendus aux rares seigneuries fylides qui pratiquent le servage) ne retournent en général jamais dans les mondes souterrains, même après avoir été affranchi. Les métisses, enfants de couples mixtes Fylides-Muwides aussi nommés sang mêlé ou bâtard) sont considérés comme des abominations.